vendredi 3 janvier 2014

Inventaire 21 - The Joker



Le premier mix de 2014 n'est absolument pas sérieux.

BILLY BYERS' BIG BAND Caravan

BILLY BYERS' BIG BAND
Caravan !

Label : Mercury Records
Année : 1967
Face A :
Take The "A" Train - Sophisticated Lady - Just Squeeze Me (But Don't Tease Me) - Chelsea Bridge - Caravan 
Face B :
Mood Indigo - I'm Beginning To See The Light - Solitude - Don't Get Around Much More - All Too Soon
Genre : Jazz orchestral
8° morceau de L'inventaire 21 : Caravan

Billy Byers ne fait pas partie du panthéon du jazz, que ce soit comme tromboniste ou à la direction de son big band. C'est dans les arrangements qu'il donne sa vraie mesure, un talent indéniable pour donner de l'ampleur et du mouvement à la musique des autres qui lui ouvrira les portes du cinéma : entre 1961 et 1991, il collabore à une bonne soixantaine de films comme orchestrateur, dans des registres très variés allant du Prêteur sur gage de Sidney Lumet à L'Ours de Jean-Jacques Annaud
De toute évidence son maître en la matière est Duke Ellington, à qui il consacre la moitié de la discographie sortie sous son nom, c'est-à-dire quatre 33t... Ainsi, cet album sorti en 67 compte-t-il huit titres du Duke sur les dix qui le composent. Tout cela swingue gentiment, mais c'est assurément sa relecture de Caravan qui vaut le détour : un véritable péplum avec des cymbales puissantes et quelques arabesques bienvenues... Les pyramides ne sont pas loin.

En France, l'album est sorti dans la collection "Super Stereo Sound" pour laquelle le son comptait apparemment plus que les artistes. Le verso de la pochette nous propose d'ailleurs un magnifique diagramme simplifié de la table de mixage !

LLOYD COLE Half Of Evrything

LLOYD COLE
Don't Get Weird On Me Babe

Label : Polydor
Année : 1991
Face A :
Butterfly - There For Her - Margo's Waltz - Half Of Everything - Man Enough - What He Doesn't Know
Face B :
Tell Your Sister - Weeping Wine - To The Lions - Pay For It - The One You Never Had - She's A Girl And I'm A Man 
Genre : Brit pop / Pop orchestrale
7°morceau de L'inventaire 21 : Half Of Evrything

Dandy boudeur, le petit jeune avait bluffé tout le monde avec le premier album de son groupe The Commotions dans les années 80, où figuraient, entre autres, un tube planétaire (Forest Fire) et un chef d’œuvre de pop acoustique élégante et racée (Are You Ready To Be Heartbroken ?) qui laissaient croire que les Smiths n'étaient plus tout seuls. 
Seulement voilà : l'homme qui voulait être Lou Reed à la place de Bob Dylan (ou l'inverse) choppa le melon très vite, passa plus de temps à tirer la tronche pour les photographes qu'à peaufiner ses pop songs et enterra son groupe après un troisième album poussif. 
Les années 90 s'annoncent donc en solo, même s'il garde avec lui le clavier Blair Cowan pour la suite de ses aventures. Après un premier album honorable mais prévisible, il sort Don't Get Weird On Me Babe, LP nettement plus ambitieux, notamment sur sa face A où un grand orchestre joue les arrangements luxuriants de Paul Buckmaster qui apportent un souffle épique bénéfique aux chanson du Lloyd.En témoigne Half Of Everything, ballade mid-tempo qui prend vite des allures de chevauchée vers l'Ouest, concrétisant probablement le rêve américain du chanteur. Comme une caution supplémentaire, Lloyd Cole a recruté Robert Quine, légendaire guitariste du punk américain et Fred Maher, batteur et producteur de l'album, tous deux collaborateurs de longue date de son idole : Lou Reed.
Le souffle viendra vite à manquer sur la face B, où Lloyd Cole laboure des terres déjà largement exploitées, notamment avec le single She's A Girl And I'm A Man, qui rencontrera le succès escompté, mais donnera une idée fausse de cet album qui aurait pu être grandiose...

MANDRILL Don't Mess With People

Mandrill : le groupe
MANDRILL
Composite Truth

Label : Polydor
Année : 1973
Face A :
Hang Loose - Fencewalk - Hágalo - Don't Mess With People
Face B :
Polk Street Carnival - Golden Stone - Out With The Boys - Moroccan Nights 

Genre : Latino Funk
6° morceau de L'inventaire 8 : Don't Mess With People

Le mandrill est un singe au long poil doté d'une arrête nasale rouge est très affinée, et de canines à faire pâlir d'envie Lestat et Dracula. Il figure sur la pochette du premier, du deuxième et du sixième album de ce groupe éponyme, connu essentiellement des chasseurs de groove. 
Leur carrière couvre la décennie des années 70 et compte une grosse dizaine d'albums récompensés d'un joli succès outre-atlantique. Les membres du groupe sont restés fidèles à ce projet et n'ont jamais été voir ailleurs, malgré un grand silence durant les terribles années 80. Leurs productions sont marquées par un mélange irrésistible de son urbain nord-américain et d'influences rythmiques et mélodiques sud-américaines. Les trois frères Wilson (rien à voir avec les Beach Boys) qui mènent la barque ont grandi à Brooklyn, mais ils sont nés au Panama : ceci explique peut-être cela.
Et comme beaucoup des trésors funky de cette période, Mandrill a été abondamment samplé et a repris le collier à l'orée des années 90. Depuis, ils tournent, sortent des compilations et des albums live.
Mandrill : le singe
Dernière info : un de leur morceau figure dans la b.o. du film de Walter Hill sur les gangs new-yorkais The Warriors. Vu leur dégaine sur la pochette, ils auraient pu aussi bien faire partie du casting...

DIANA ROSS & THE SUPREMES My Favorite Things

DIANA ROSS & THE SUPREMES
Merry Christmas

Label : Tamla Motown
Année : 1965
Face A :
White Christmas - Silver Bells - Born Of Mary - Children's Christmas Song - The Little Drummer Boy - My Christmas Tree
Face B :
Rudolph, The Red-Nosed Reindeer - Santa Claus Is Coming To Town - My Favorite Things - Twinkle Twinkle Little Me - Little Bright Star - Joy To The World
Genre : Chants de noël (Christmas Pudding)
5°morceau de L'inventaire 21 : My Favorite Things

Tradition bien implantée dans l'industrie du disque américaine, l'album de noël à souvent le même défaut que le repas de noël : trop sucré, trop copieux, il ne sera pas évident à digérer. 
Après, tout dépend des périodes et des interprètes...
Lorsque les Supremes enregistrent le leur, elles sont au sommet de la vague : Baby Love a tenu la tête des charts aux États-Unis, mais aussi en Angleterre où les Beatles sont pourtant les rois du pétrole. Les Supremes leur rendent d'ailleurs hommage cette même année 64 avec l'album A bit Of Liverpool. Du coup, l'année suivante la Motown accommode les filles à toutes les sauces : un album de productions maisons, puis des reprises de Sam Cooke, un autre consacré à la country, un petit live At The Copa, et, pour finir en beauté, ce spécial noël ! C'est d'ailleurs l'occasion de découvrir un penchant plus swing des demoiselles qu'on retrouvera notamment dans certains de leurs enregistrements lives accompagnés de grands orchestres. 
Quand à la chanson choisie pour le mix, My Favorite Things, créée en 59 par Rodgers et Hammerstein pour la comédie musicale La Mélodie du bonheur (The Sound of Music), elle est déjà un tube sur toutes les lèvres à l'époque, puisque l'adaptation cinématographique de Robert Wise date de cette même année 65. 
Sans compter que John Coltrane avait déjà mis le morceau sur orbite en 1961...  

LE MYSTÈRE DES VOIX BULGARES Moma Voda Nossi

LE MYSTÈRE DES VOIX BULGARES

Label : Philips
Année : 1990
Face A : 
Dva Shopski Dueta - Shope, Shope - Sekoi Fali - Ghel Moma - Zlato Mori - Aychinko Pilia Chereno - Yo Igra Oro - Sedi Moma 
Face B :
Izlel E Delio Haidutin - Tri Shopski Pesni - Devojko Mari Hubava - Moma Voda Nossi - Sedenkarska - Altan Mara
Genre : The Voices
4° morceau de L'inventaire 21 : Moma Voda Nossi

Dès qu'on sort du classique, du jazz, du rock ou de la pop anglo-saxonne, on fait de la "world music". Ainsi, Le Mystère des Voix Bulgares eut-il la "carte culturelle" durant les années 80, popularisé par le travail de Marcel Cellier, un ethno-musicologue Suisse qui fit beaucoup pour la connaissance et la diffusion de ce chœur féminin. 
En fait, le groupe existe et se renouvelle depuis les années 50. Il est crée à l'origine pour la radio et la télévision bulgares. Des voix de femmes aux harmonies inhabituelles pour nos oreilles formatées, une orchestration minimale (a cappella la plupart du temps, accompagnées parfois par une percussion rudimentaire), le tout dégageant une impression difficile à définir, entre l'euphorie et la mélancolie. 
Aussi racoleur qu'il puisse paraître, le terme "mystère" est bien celui qu'il faut pour définir cette musique qui semble sortie de nulle part, même si elle perpétue et renouvelle un héritage de longue date du chant bulgare. La preuve : la plus étrange des chanteuses pop s'en est emparé pour enrichir les arrangements de sa musique déjà bien barrée. Une partie du chœur de Bulgarie viendra ainsi donner de l'organe sur deux albums de Kate Bush en 89 et 93. C'est dire si elles avaient du talent !



BOO-YAA T.R.I.B.E. - T.R.I.B.E.

BOO-YAA T.R.I.B.E.
New Funky Nation

Label : 4th & Broadway
Année : 1990
Face A :
Six Bad Brothers - Rated R - Don't Mess - New Funky Nation - Once Upon A Drive By - T.R.I.B.E.
Face B :
Walk The Line - R.A.I.D. - Psyko Funk - Riot Pump - Pickin' Up Metal
Genre : Fat Rap
3¨morceau de L'inventaire 21 : T.R.I.B.E.

Connus en France des seuls fans hardcore, un peu oubliés aujourd'hui aux États-Unis, Boo-Ya T.R.I.B.E. est pourtant un groupe très influent du hip-hop. Précurseurs malgré eux du gangsta rap, les six frères originaires des îles Samoa passent allègrement du funk électrique au métal bien énervé. En bref, ils jettent un pont entre Funkadelic et Faith No More
Même s'ils n'ont jamais signé sur une major, ils incarnent alors la culture hip-hop à Los Angeles et se distinguent du rap courant avec ce premier album qui privilégie les instruments live aux samples. L'histoire dit que cette fratrie issue de gangs (les Samoan Warrior Bounty Hunter !!!) s'est tournée définitivement vers la musique après que leur frère cadet se soit fait assassiner dans une fusillade de rue.
Même si leurs textes ne volent pas toujours très haut, les frères Devoux ne manquent ni d'humour, ni d'idées. On trouve déjà dans leur grosse mixture cette attitude cool face au chaos et des références à l'univers du kung-fu : deux aspects qui irrigueront bientôt la discographie du Wu-tang Clan
Quant à Snoop "doggy" Dog, il leur piquera plus tard leur look, à défaut de leur talent.   

BLONDIE

BLONDIE
(1st LP)

Label : Chrysalis (Orig : Private Stock)
Année : 1977
Face A :
X Offender - Little Girl Lies - In The Flesh - Look Good In Blue - In The Sun - A Shark In Jets Clothing 
Face B :
Man Overboard - Rip Her To Shreads - Rifle Range - Kung Fu Girls - The Attack Of The Giant Ants
Genre : Glam Punk
2°morceau de L'inventaire 21 : Kung Fu Girls

Le succès international n'est pas encore là. En 1977, Blondie est une émanation de la nouvelle scène new-yorkaise héritière du Velvet Underground, qui va bientôt rendre mythique un bar crapoteux : le CBGB. Avec les Ramones, Television, Talkingheads, Suicide, Richard Hell et compagnie, Blondie incarne le punk américain, un courant nettement moins identifiable que son équivalent anglais, aussi bien au niveau du look que de la musique. D'après ses petits camarades de l'époque, Debbie Harry, la petite bombe blonde qui chante dans Blondie, est une chic fille qui ramène tout le monde en voiture en fin de soirée. Ça n'empêche pas le déchainement vocal, passant allègrement d'une douceur de midinette à des hurlements sauvages. Sur scène, Debbie porte court et se roule parterre et deviendra progressivement l'une des icônes sexy de l'époque.
Ce premier album sans titre est le plus brut de leur discographie, les morceaux y sont courts et très rock, même si le synthé de Jimmy Destri annonce déjà les artifices de la new-wave qui se profile. Mais surtout, on sent d'entrée de jeu l'inspiration très ouverte de Chris Stein, le chéri de madame, qui compose aussi de la pop sucrée (In the flesh) et intègrera bientôt reggae, cold wave, disco et même le rap au répertoire de Blondie, sans jamais perdre l'identité du groupe.
Mais il y a quand-même un truc dont on parle rarement à propos de Blondie et qui joue aussi un rôle déterminant : les roulements de batterie de Clem Burke.Il en met de partout avec un enthousiasme communicatif. 
L'énergie constante de Blondie lui doit beaucoup, notamment dans les 2,32 minutes de ce Kung Fu Girls...

THE MARKETTS - The Joker

THE MARKETTS
The Batman Theme

Label : Warner Bros (Fr : no label)
Année : 1966
Face A :
Batman Theme - Bat Cave - Robin The Boy Wonder - Bat Signal - Batmobile - The Joker
Face B :
The Penguin - The Bat (Dance) - Dr. Death - The Riddler - Bat Cape - The Cat Woman

Genre : Jerk In Spandex
1° morceau de L'inventaire 21 : The Joker

Les Marketts n'ont eu qu'un véritable hit, le single Out of limits, qui a taquiné le million d'exemplaires en 1963 et figure dans la bande son du film Pulp Fiction de Tarantino (mais pas dans la B.O., probablement pour des questions de droits). Leurs discographies se résume à une poignée d'albums instrumentaux qui fleurent bon les sixties dorées, entre surf, jerk et twist endiablés, relevés par une orchestration dynamique et quelques chœurs distribués avec parcimonie et à bon escient. 
Devant le succès fracassant de la série télé et des deux longs métrages cinématographiques du Batman incarné par Adam West (celui dont les coups font apparaître des "Pif" "Bang" "Pow" et autres onomatopées de comics à l'écran), ils furent nombreux à l'époque à reprendre le fameux thème du générique signé Neal Hefti. Et comme les Marketts étaient déjà signés chez Warner Bros, producteur de Batman, c'est avec un enthousiasme évident qu'ils s'attelèrent à interpréter cet album intégralement inspiré par l'univers pop de la série. A l'exception du thème d'origine, les compositions sont signées Capps et Glasser, respectivement arrangeur et producteur de la chose, qui pompent quelques riffs à droite à gauche (un peu chez John Barry, un peu chez Henry Mancini) mais accouchent au final d'un album réjouissant... qui sera ton meilleur ami pour tes prochaines surprises-parties !

Curiosité de l'édition française de cet album : il ne comporte aucune mention de label ou maison de disque mais propose en revanche deux numéros de catalogue.