lundi 19 août 2013

Inventaire 17 - Les Caïds



Ça part tranquille, mais ça dérape très vite...

GERARD PEROTIN & GUY-JOEL CIPRIANI Tucson Prairie

GERARD PEROTIN & GUY-JOEL CIPRIANI
Creative Music

Label : Unidisc
Année : 197?
Face A : 
Espace Futurible - Hommage A Max Ernst - Tucson Prairie - Odyssee 3000 - Botofogo
Face B :
Kam-Kat - Paradigme - Plutonium - Ophelie - Virginian Ball
Genre : Contemporain d'avant...
9° morceau de L'inventaire 17 : Tucson Prairie

Creative Music est dû à deux musiciens recrutés par l'Opéra de Paris dans les années 70 dont les noms feraient plutôt penser à un duo de personnages de western spaghetti : Perotin et Cipriani. Plutôt portés sur les percussions, ils ont l'habitude d'écrire pour des ballets. A priori, ils sévissent dans ces domaines qu'on n'entend guère ailleurs que sur France Musique, définis comme "contemporain", "expérimental", ou tout autre adjectif imprononçable pour un candidat à la Star Academy. 
Ainsi, cet album est composé de dix pièces courtes qui privilégient les instruments acoustiques de percussion (tambours, cloches, vibraphone, piano, etc), destinées à accompagner les cours de danse. C'est d'ailleurs une spécialité du label français Unidisc qui sortit une palanquée d'albums d'illustration pour cours de danse de la fin des années 60 jusqu'au début des années 80. 
Pas forcément le genre de disques qu'on écoute tous les matins, mais une fois, en passant, pour finir un mix, ça donne l'impression d'être cultivé...  

TODD RUNDGREN An Elpee's Worth Of Toons

TODD RUNDGREN
Todd

Label : Bearsville
Année : 1974
Face A : How About A Little Fanfare - I Think You Know - The Spark Of Life - An Elpee's Worth Of Toons - A Dream Goes On Forever - Lord Chancellor's Nightmare Song  
Face B : Drunken Blue Rooster - The Last Ride - Everybody's Going To Heaven / King Kong Reggae
Face C : Number 1 Lowest Common Denominator - Useless Begging - Sidewalk Cafe - Izzat Love ?
Face D : Heavy Metal Kids - In And Out The Chakras We Go (Formerly: Shaft Goes To Outer Space) - Don't You Ever Learn - Sons Of 1984
Genre : Délirium électrique
8° morceau de L'inventaire 17 : An Elpee's Worth Of Toons

Moins arty, moins vénéré que Frank Zappa, Todd Rundgren n'en est pas moins inventif, prolofique, et, à coup sûr, pas moins fou ! Apparu dans les années 70, issu du blues électrique, il explore très vite, seul ou avec son groupe Utopia, des zones périlleuses où se mélangent, dans l'anarchie la plus totale, le métal (voire le heavy metal), la pop, le rock progressif, la comptine, le tout abondamment corsé par un penchant pour les sonorités les plus atypiques de l'électrique et de l'électronique. 
Si le résultat peu s'avérer bordélique, ardu, voire indigeste, la discographie de Todd Rundgren ne doit pas être prise à la légère : y'a du lourd, du beau, de l'étonnant, et même de l'hallucinant au premier sens du terme. 
Il serait tentant de dire que ce double album sobrement intitulé de son prénom est son plus personnel, mais ce serait prétendre connaître intégralement le puits insondable que constitue son œuvre.

A laquelle il convient d'ajouter quelques albums essentiels qu'il a produits, comme, au hasard, le premier album des New York Dolls ou celui des Sparks, alors que ceux-ci s'appelaient encore Halfnelson...




THE WATTS 103rd STREET RHYTHM BAND Oh Happy Gabe

THE WATTS 103rd STREET RHYTHM BAND
In The Jungle, Babe

Label : Warner Bros - Seven Arts Records
Année : 1969
Face A :
Till You Get Enough - I'm A Midnight Mover - Light My Fire - Comment - Everyday People
Face B :
Must Be Your Thing - Love Land - Oh Happy Gabe (Sometimes Blue) - Twenty-Five Miles - The Joker (On A Trip Through The Jungle)
Genre : Cool funk
7° morceau de L'inventaire 17 : Oh Happy Gabe (Sometimes Blue)

Encore un de ces groupes prisé des chasseurs de samples et ignoré des autres. La formation de Charles Wright s'est pourtant inscrite dans l'histoire de la soul en composant en 1970 Express Yourself, qui sera ensuite abondamment repris, imité, échantillonné (dès 1988, par les grands méchants gangstas de Niggaz Wit Attitudes). Basé à Los Angeles, le groupe accompagne aussi le plus populaire des animateurs noirs de la télé américaine, Bill Cosby qui s'avère beaucoup plus exigeant dans ses gouts musicaux que dans l'écriture de ses sitcoms*. 
Ce troisième album brasse soul, funk, reprises et compos avec un esprit des plus cools, un peu sirupeux parfois, mais au final très recommandable. Notre préférence va aux instrumentaux dans lesquels le groupe se lâche. Ici, avec ce Oh Happy Gabe choisi pour le mix (et dont la basse ressemble curieusement au classique de Ray Charles : Lonely Avenue), c'est le trompettiste Gabe Flemmings qui envoie le morceau dans les zones les plus chaudes de l'improvisation jazz-groove.   

*Il accueillera également Quincy Jones avec un groupe en or (Monty Alexander, Arhur Adams, Ray Brown...) et des invités de haut-vol (Jimmy Smith, Milt Jackson) qui mettront le feu au show TV tout au long de l'année 69.


     

ULTRAMARINE The Liquid Brown Detestable Earth

ULTRAMARINE
Wyndham Lewis

Label : Les Disques du Crépuscule
Année : 1989
Face A : 
The Liquid Brown Detestable Earth - Fokker Bomb-Shit
Face B :
Wyndham Lewis Reading Extracts From 'One Way Song' -  Merde Alors! 

Genre : Strange Arty Pop
6° morceau de L'inventaire 17 : The Liquid Brown Detestable Earth

Trajectoire peu commune pour une musique difficile à étiqueter : Ultramarine prend ses racines dans un quintet anglais baptisé A Primary Industry et qui ne sortira qu'un album (sur le label Sweatbox) intitulé... Ultramarine.
Trois des membres originels atterrissent sur l'exemplaire label belge Les Disques du Crépuscule où il adoptent le nom d'Ultramarine pour ce maxi en 1989 et un album intitulé Folk l'année suivante. C'est avec ce dernier qu'ils trouvent leur style, un mélange d'électro, de dance, d'indus, porté par une écriture des plus... champêtres. Pour bien se rendre compte, faut écouter. Il changeront encore deux ou trois fois de label, tourneront avec la vague émergente de la techno et de l'électro sophistiquée (Orbital, puis Bjork) et multiplieront les collaborations avec quelques musiciens aussi difficiles à cerner qu'eux-mêmes, Robert Wyatt en tête. Ils cessent leurs activités à l'orée des années 2 000.

Quant à ce très beau maxi, il est un hommage au peintre, poète et écrivain Percy Wyndham Lewis, artiste trublion anglais qui sévit dans la première moitié du XXème siècle. Le disque contient deux de ses textes mis en musique par Ultramarine, deux enregistrements d'époque où l'artiste lit des extraits de sa propre prose et un instrumental : Merde Alors !
La pochette est un autoportrait de Wyndham Lewis dans le plus pur style "vorticiste".

KEITA FODEBA Aloa

KEITA FODEBA et son ensemble africain
Chants et danses d'Afrique Guinée-Casamance

Label : Le Chant du Monde
Année : 196?
Face A :
Couri-Couri -Aloa - Carolian
Face B :
Téléphonista - Laïla - Saidouba
Genre : African roots
5°morceau de L'inventaire 17 : Aloa

"Bon pied, bon œil, le folklore africain se moque des étiquettes des puristes, il chante, donc il est."
Ainsi s'achève la note au verso de la pochette de ce 33 tours de la taille d'un 45 tours. Six titres pour découvrir l'ensemble musical, acoustique et percussif de Keita Fodéba
L'histoire de l'homme est édifiante : né en 21 en Guinée, alors colonisée par la France, il part faire des études de droit à Paris à la fin des années 40. C'est alors qu'il a l'idée de faire connaître et valoriser la culture de son pays à travers un ensemble où la musique et la danse auront la place d'honneur. 
Keita Fodéba parcourt l'Afrique Occidentale Française à la recherche des talents divers pour faire de son ensemble une synthèse très riche qui révèlera de nombreux talents individuels : Daouda Diabaté, maître de la kora, le chanteur Kandia Kouyaté, et de nombreuses danseuses, aujourd'hui oubliées... Cette espèce de grande revue connaît un beau succès à la fin des années 50 au cours de nombreuses tournées à travers l'Europe.
En 1956, Keita Fodéba délaisse quelque peu son rôle d'"ambassadeur artistique" pour lutter pour l'indépendance de la Guinée aux côtés de Sékou Touré.Il devient homme politique, ministre, puis le vent tourne à la fin des années 60 : il sera arrêté, puis exécuté en 1969. 

A priori, en plus de ce 6 titres, Le Chant du Monde n'aurait publié qu'un ou deux autres disques de Keita Fodeba, en format 30cm. Rien de tout cela n'a été réédité en CD... 



THE BEACH BOYS Steamboat

THE BEACH BOYS
Holland

Label : Reprise Records
Année : 1972
Face A :
Sail On Sailor - Steamboat - California Saga (Part One: Big Sur/Part Two: The Beaks Of Eagles/Part Three: California)
Face B :
The Trader - Leaving This Town - Only With You - Funky Pretty 
Mount Vernon And Fairway (A Fairy Tale)
Face A : Mt. Vernon And Fairway (Theme) - I'm The Pied Piper - Better Get Back In Bed
Face B : Magic Transistor Radio - I'm The Pied Piper - Radio King Dom
Genre : Gouda aux chamallows
4° morceau de L'inventaire 17 : Steamboat

Les exceptions sont rares. La plupart des groupes donnent le meilleur dans leurs dix premières années, souvent même dans leurs deux ou trois premiers albums. 
Pour les Beach Boys, même si ça couvre une bonne dizaine d'albums, tout le monde s'accorde à dire que ça se joue entre 1962 avec leur premier recueil de tubes Surfin' Safari, et Pet Sounds en 1966, considéré non seulement comme leur chef d’œuvre, mais aussi comme une pierre angulaire de la pop music. 
Après ça, tout va se déliter très vite, entre les tensions internes, l’essoufflement de l'inspiration et les égarements d'un Brian Wilson, estampillé génie du groupe, mais rongé par divers démons et vampirisé par les gourous... 
Pour autant, entre trois compilations et deux live vite emballés, les garçons de la plage continueront à sortir sporadiquement des albums studios. Si la plupart tentent de régurgiter les recettes estivales de leurs débuts, on tombe parfois sur des enregistrements plus surprenants, comme avec cet album réalisé (comme son nom l'indique) aux Pays-Bas. Chanson de marin, country-rock, folk psychédélique... les influences sont variées et étonnamment bien digérées pour un groupe qu'on croyait uniquement inspiré par le soleil californien. Les harmonies vocales ont toujours la part belle, mais elles se font ici plus mélancoliques, là plus charnelles. 

Le EP Mount Vernon and Fairway
Assez ambitieux, l'album  déroule une "California saga" sur la fin de sa première face et s'accompagne à l'origine d'un 45t six titres intitulé Mount Vernon And Fairway (A Fairy Tale), entièrement composé par Brian Wilson. Ce n'est malheureusement pas la partie la plus réussie du projet, à laquelle on préfèrera une autre de ses compositions, Sail on sailor qui ouvre l'album, ou Steamboat, écrit par Dennis, choisi pour cet Inventaire numéro 17.

A TASTE OF HONEY Disco Dancing

A TASTE OF HONEY
1er album

Label : Capitol Records
Année : 1979
Face A : 
Boogie Oogie Oogie - This Love Of Ours - Distant - World Spin
Face B :
Disco Dancin'- You - If We Loved - Sky High - You're In Good Hands
Genre : Disco sec
3°morceau de L'inventaire 17 : Disco Dancing

Entre 76 et 79, on ne compte plus les icônes féminines du disco, divas de la soul converties à la nouvelle mode, ou jeunes muses projetées dans la lumière par des producteurs de l'ombre... 
Les deux femmes sur la pochette sont exceptionnelles à plus d'un titre : Janice M. Johnson et Hazel P. Payne ne sont pas seulement les chanteuses vedettes de A Taste Of Honey. Elles composent les chansons et jouent de la guitare et de la basse... Bref, elles sont l'âme et les piliers du groupe, à tel point qu'elles resteront seules à la tête du navire pour les deux derniers albums en 80 et 82. On n'a malheureusement plus franchement entendu parler d'elles depuis...
Cependant, ce premier album sans titre est bien l’œuvre d'un quatuor puisque, en plus des deux belles demoiselles déjà citées, Donald R. Johnson et Perry Kibble (respectivement batteur et clavier du groupe) signent quelques uns des morceaux. 
Une excellente production qui évite le kitch et les grosses violonades au profit d'un son funk sans fioritures. Y'a rien en trop, juste de quoi vous envoyer direct sur la piste. C'est festif et dansant, mais aussi chic et de bon goût, avec une pochette classieuse... que demande le peuple ?   

BAUHAUS A God In An Alcove

BAUHAUS
In The Flat Field

Label : 4AD
Année : 1980
Face A :
Double Dare - In The Flat Field - A God In An Alcove - Dive - The Spy In The Cab 
Face B :
Small Talk Stinks - St. Vitus Dance - Stigmata Martyr - Nerves
Genre : Dark
2°morceau de L'inventaire 17 : A God In An Alcove


Un groupe qui adopte le nom d'un mouvement allemand du début du XXème siècle dédié au design et à l'architecture  se voit au minimum qualifié d'arty, et très vite de poseur...
Après écoute, Bauhaus a aussi droit aux étiquettes "Gothique", "Corbeau", "Cold Wave",  etc... 
Leur carrière démarre sur les cendres chaudes du punk, en 78, et s'achève en 1983 avec Burning From The Inside, après leur reprise frénétique de Ziggy Stardust sortie en single l'année d'avant. Quelques trente ans après cette première fin (évitons de parler des reformations), alors que Joy Division est réédité, adoubé, vénéré, c'est peut-être le bon moment pour redécouvrir la discographie de ces contemporains sophistiqués. Parfaitement identifiable aux années 80, leur musique est sombre et prétentieuse, mais aussi radicale et audacieuse. La voix grave et profonde de Peter Murphy, la guitare acide de Daniel Ash, la rythmique des frères Atkins, froide comme une machine, ou d'autres fois tribale et puissante : Bauhaus a un son immédiatement reconnaissable. 
Ce premier album, leur seul sorti chez 4AD, s'avère aujourd'hui parfaitement solide et cohérent.

FRANÇOIS DE ROUBAIX Les Caïds

FRANÇOIS DE ROUBAIX
Les plus belles musiques de films (Vol 1)

Label : Barclay
Année : 1976
Face A : 
Le Vieux Fusil - Oû Est Passé Tom ? - Ho - Dernier Domicile Connu  - Les Caïds - Pour Un Sourire  - La Mer Est Grande
Face B : Le Rapace  - Boulevard Du Rhum - Le Samouraï - Le Gobbo -   R.A.S. - Les Grandes Gueules  - L'homme Orchestre
Genre : B.O.
1° morceau de L'inventaire 17 : Les Caïds

Un par un ils reviennent à la mode : Michel Magne, Alain Goraguer, et même le très sirupeux Francis Lai. Spécialistes des bandes originales de films, mais aussi de pubs et de musiques d'illustrations dans les années 60 et 70, ils n'étaient pas forcément connus du grand public et ont même passé 20 ans de purgatoire au cours des années 80 et 90 qui ont failli les faire passer aux oubliettes. Parmi eux, François De Roubaix, beau gosse, autodidacte surdoué, curieux de tout et plongeur en eaux profondes, a laissé un héritage considérable dans la musique de film : du Samouraï de Melville à la ritournelle de la Scoumoune en passant par les délires de L'Homme orchestre et jusqu'à son dernier grand œuvre : Le Vieux Fusil, François De Roubaix passe des instruments traditionnels récupérés au bout du monde aux claviers électroniques qui émergent, de la fantaisie pop dans l'air du temps aux orchestrations somptueuses héritées des grands classiques... 
Les trois volumes de ces compilations sorties dans les années 70 donnent déjà un bel aperçu de l'inspiration, de l'invention constante du bonhomme. Mais une intégrale, incluant ses inoubliables thèmes publicitaires et ses musiques de librairie très recherchées, serait la bienvenue.  
Le musicien est mort à 36 ans de sa passion pour la plongée sous-marine. Un joli documentaire signé Jean-Yves Guilleux et Alexandre Moix lui est consacré. Il s'appelle François De Roubaix, l'aventurier

vendredi 9 août 2013

Encore un qui mord la poussière...

Inutile de cliquer désormais sur le lien FUNKYTOWNSOUL en bas à droite, dans la catégorie "Blogs Music".
La personne qui mettait en ligne des trésors de soul, rare groove, jazz-funk et autres raretés de la blaxploitation a disparu de la toile du jour au lendemain.
Mettre de la bonne musique en ligne est officiellement illégal.
C'est mal.
Nous pouvons désormais retourner nous ennuyer sur les médias et les plateformes de téléchargement officiel.  






samedi 3 août 2013

Range ta chambre !


L'image ci-dessus provient du très beau blog Les Mains Noires réalisé par un français exilé au Brésil. Passionné de musique et excellent photographe, Frédéric Thiphagne met des mixes en ligne, fait découvrir des artistes et des morceaux, et réalise de jolis portraits, images et textes, de DJ's, fans, collectionneurs de disques...

On ne sait trop comment il s'est retrouvé un beau jour dans ce mythique entrepôt rempli de vinyles jusqu'à la gueule, dont il apporte au moins la preuve qu'il n'est pas qu'une légende que se racontent entre eux les amateurs de galettes, bien que le lieu ait été rasé depuis...

D'autres surprises jonchent ce blog, que l'on rapprochera bien volontiers de l'incontournable Dust & Grooves, dans la galaxie de ceux qui entretiennent de belle façon la mémoire de la musique et de son support privilégié.